J’ouvre facebook et voilà que je tombe sur cette proposition. Je crois rêver, je me mets à imaginer notre « capitaine de pédalo » enfin pris de remords face à toutes ses promesses abandonnées, et se reprenant enfin, tel un capitaine au long court, cheveux au vent et barbe hirsute, le regard lointain sur l’horizon dégagé d’un océan déchainé… Une proposition de gauche. Incroyable ! Notre Président transformé en forteresse anticapitaliste, en robin des bois vengeur, en Don Quichotte fièrement chevaleresque, notre « Moi président, la finance sera l’ennemi à abattre »…

J’ouvre mon journal de 20h, et voilà que j’entends que toutes les Bourses de la planète s’effondrent, parce que la rumeur d’une croissance en berne pointe à nouveau son nez. On nous avait pourtant dit qu’en renflouant les banques, le Monde serait sauvé. Certains mêmes y ont cru.

Bon, je me calme et je décide de lire l’article de facebook. Son auteur : Frédéric Lordon, Le Monde Diplomatique. Bon là, je suis pris d’un doute. Hollande qui aurait fait une déclaration au Diplo, ça me paraît louche. L’économiste hétérodoxe Frédéric Lordon enfin en odeur de sainteté dans les médias officiels, ceux que la majorité des Français écoutent ? Je commence à douter de mes enthousiasmes trop impulsifs. Et puis la date : février 2010. Bon, là je réalise mon erreur. Voilà donc que le Diplo recycle des vieux articles. Ça y est, j’ai compris, ils n’ont plus de fric. Les subventions pour la presse d’information leur ont été sucrées, elles sont parties vers d’autres titres bien plus prestigieux, Gala, Femme actuelle, Biba, Modes et travaux, Paris Match, ici Paris, Glamour…

Tant pis, va falloir que je le lise ce papier de Lordon. Bon alors à quoi sert la Bourse ? A financer les entreprises, évidemment. Enfin, c’est ce qu’on nous dit à longueur de chroniques télévisuelles savamment mises en scène par les toujours mêmes experts. En fait, c’est plutôt l’inverse, nous rappelle Frédéric Lordon ! Ah, ben là c’est une surprise ! On se serait donc fait avoir dans l’histoire ? La Bourse, c’est juste une pompe à fric à nous pomper notre fric, nous les travailleurs, les fabricants de valeurs. Ah, oui, c’est vrai, les experts en question ne vous l’ont pas dit : c’est notre travail qui génère la richesse, pas celui des boursicoteurs et autres cancrelats de la City, ni même des patrons. Sans travailleurs pas de patrons, pas de Traders ! Sans le travail des travailleurs, pas de création de richesse !

L’économiste précise alors que « Les capitaux levés par les entreprises sont devenus inférieurs aux volumes de cash pompés par les actionnaires ». Et, c’est pas tout, en plus, ça nous coûte du pognon de faire fonctionner la Bourse, à nous les sympathiques contribuables. Oui, le « coût du Capital » n’est pas une abstraction, c’est un coût, une perte pour le travail réel, une moins value pour ceux qui se lèvent pour aller pointer au bureau ou devant leur ordinateur connecté. Et, ça n’a rien à voir avec le « coût du travail », qui n’est pas un coût mais un investissement.

Bon faut que j’arrête de lire le Diplo, ça me donne des envies de révolte, des envies d’actes résistants. Vous le savez, pendant la seconde guerre mondiale, les résistants étaient considérés par Vichy comme des terroristes. Non, je n’ai pas dit qu’il fallait bruler toutes les Bourses. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Par les temps qui courent on pourrait m’accuser de terroriste binational et m’envoyer en Apatrie !

Mais enfin, il est toujours permis de rêver…