Dans le bidonville de Toulouse-Gramont, à quelques mètres du périphérique, vivent une soixantaine de Roumains, issus de la communauté Rom. Le 11 avril dernier, la police nationale est intervenue pour distribuer 27 arrêtés portant obligation de quitter le territoire français (OQTF).

Aux portes de Toulouse, c’est un vrai bidonville qui a surgi de terre, il y a quatre ans déjà. Un bidonville comme il en existe dans les pays du Tiers-Monde d’Amérique du Sud, d’Afrique ou d’Asie. Un bidonville où l’eau, l’électricité, les toilettes, le chauffage, l’assainissement n’existent pas. Face à la déchetterie, ce sont des enfants, des femmes, des hommes qui vivent, comme des déchets. Des cabanes branlantes, faites de vieilles tôles, de portes éclatées, de fenêtres ouvertes aux quatre vents, de bâches percées. Au sol de ces bâtisses insalubres, du vieux lino récupéré dans quelques décharges alentour et un bidon rouillé en guise de poêle laissant échapper des fumées toxiques. La nuit, les rats courent entre les taudis, cherchant des épluchures à se mettre sous la dent.

Dans ce bidonville de la cité rose, des Roms roumains, chassés par la misère de leur pays, cherchent dans l’Eldorado français quelques miettes pour survivre. Ici, les poubelles sont toujours plus riches que celles de Roumanie. Et puis, être Rom, c’est être un étranger dans son pays. Discrimination dans le travail, comme à l’école, racisme, les Roms de Roumanie, comme ceux de Bulgarie, ceux-là mêmes qui lavent nos pare-brise aux feux rouges de la rocade, sont des citoyens de seconde zone.

Blandina a 17 ans. Elle fait la manche place du capitole, avec son bébé dans les bras. Un regard doux, une voix délicate, loin des clichés du voleur de poule. Blandina ne se plaint pas. « On est mieux ici qu’en Roumanie. Les gens sont gentils. Ils nous donnent assez pour manger. Dans mon pays, on n’a pas de maison, on vit dans des tentes et on a toujours faim ».

Laura et son mari Traian sont inquiets : «  La police dit qu’elle va tout démolir, nous renvoyer chez nous ou nous mettre en prison pour six mois ». Dans un français difficile, Laura serre son enfant contre elle. Elle interroge Dominique Liot, membre du Collectif Solidarité Roms – Toulouse, lui demande d’appeler au consulat de Roumanie à Marseille, pour se faire expliquer la marche à suivre. Depuis quelques jours, le Collectif multiplie les visites sur le campement de Toulouse – Gramont pour écouter et conseiller ces personnes sans-papiers, mais pas sans droits. Le 19 avril, une lettre ouverte a été envoyée au Préfet, signifiant l’indignation du Collectif quant aux méthodes employées par la police et à l’illégalité de la procédure. Selon le Collectif, un arrêté d’expulsion doit être précédé d’une étude réelle de chaque situation personnelle, et aucune personne n’a été interrogée, ni sur la durée de son séjour en France, ni sur ses moyens de subsistance, ni sur ses conditions de vie.

Quelle que soit la décision de la justice, les Roumains et les Bulgares, qu’ils soient Roms ou pas, restent des ressortissants libres de l’Union Européenne. Et par un jeu de chaise musicale, l’expulsion des uns n’empêchera jamais le retour des autres… Alors, ne doit-on pas considérer dès à présent la question des sans-papiers à l’aune de l’humanisme le plus élémentaire ?

Le Collectif Solidarité Roms – Toulouse
Comité Contre la Faim et pour le Développement – Terre Solidaire Toulouse (CCFD) – Comité de Coordination pour la Promotion et la Solidarité – migrants, Tsiganes – ESMA Toulouse – Flambère Action Médiation Toulouse (FLAM) – Ligue des Droits de l’Homme Toulouse (LDH) – Médecins du Monde Toulouse (MDM) – Mouvement contre le Racisme
et pour l’Amitié entre les Peuples Toulouse (MRAP) – Robins des Bois de l’Energie – Secours Catholique Garonne-Ariège – Association Terr’Eau
Email : collectifsolidariteroms31@gmail.com23 AVRIL 2012

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